Page:Brunetière - Honoré de Balzac, 1906.djvu/183

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toile de Mieris ou de Gérard Dow, de Terburg ou de Metsu, mais voyez surtout les Rembrandt d’Amsterdam ou les Franz Hals de Harlem. L’intérêt de leurs toiles est d’avoir été « vécues », et après deux cent cinquante ans écoulés, cela nous suffit encore, comme à leurs contemporains !

C’est une révolution du même genre que Balzac a opérée dans le roman, et, comme les Hollandais, en faisant de l’art avec des éléments réputés indignes de l’art. Je connais quelques-uns, même de ses admirateurs, qui ne sont pas très sûrs qu’il ait bien fait, et qui nous désigneraient au doigt dans la Comédie humaine plus d’un épisode à en retrancher. On examinera leurs motifs quand il sera question de la « moralité » de l’œuvre de Balzac. Mais, en attendant, ce qu’il faut bien dire et surtout ce qu’il faut bien voir, c’est qu’entre certains principes de Balzac, et certaines libertés de représentation qu’il s’est données, il n’y a ni contradiction, ni incompatibilité. Son rôle, en effet, n’est que représenter la vie, telle qu’il la voit ou qu’il croit la voir, en nous rendant juges de la réalité de sa vision,