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TREIZIÈME LEÇON
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M. LECONTE DE LISLE[1]



Messieurs,


Vivants ou morts, grands ou petits, lyriques ou épiques, dramatiques aussi, et je crois qu’en vérité je pourrais dire Français ou étrangers, s’il a été donné à quelqu’un de nos contemporains de réaliser son œuvre « sous l’aspect de l’éternité », selon la belle expression dont je me servais l’autre jour, — et qui n’est pas de moi, vous le savez sans doute, mais de Spinosa ; — c’est à M. Leconte de Lisle. « Rien de plus hautainement impersonnel, de plus en dehors du temps, de plus dédaigneux de l’intérêt vulgaire et de la circonstance », disait Gautier, parlant des Poèmes antiques et des Poèmes barbares, voilà plus de vingt-cinq ans ; et, depuis vingt-cinq ans, — depuis quarante ans, si quelques-uns de ces Poèmes sont en

  1. Consultez : Théophile Gautier, Rapport, etc. ; — A. Dumas, Réponse au discours de réception de M. Leconte de Lisle ; — P. Bourget, Essais de psychologie contemporaine, Paris, 1886, Lemerre ; — J. Lemaître, les Contemporains, 2e série, Paris, 1886, Lecène et Oudin ; — et Maurice Spronck, les Artistes littéraires, Paris, 1899, Calmann Lévy.