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SOMME DU BIEN-ÊTRE DES ANIMAUX ACCRUE

accroît d’autant le bien-être des animaux de leur espèce qui leur survivent pleins de santé.

Cette même police de la nature qui est pour les animaux terrestres un bienfait si grand, s’étend de même sur les habitans des mers et n’est pas pour eux un moindre bienfait. Parmi ces derniers en effet, il y a, de même que parmi les premiers, toute une grande division qui ne se nourrit que de végétaux, et qui fournit la pâture à toute l’autre division, laquelle ne peut se nourrir que de chair. Or, ici comme dans le premier cas, il est facile de voir que, si l’on suppose l’absence des carnivores, les herbivores, dont rien ne limitera la multiplication, s’accroîtront indéfiniment, sans autre terme que celui que viendra leur imposer la famine, et que, par une inévitable conséquence, la mer ne sera plus peuplée que de créatures chétives traînant misérablement leur existence à travers toutes les horreurs de la faim à laquelle ils devront infailliblement succomber tôt ou tard.

La mort ainsi donnée par la dent des carnivores, si on la considère comme le terme ordinaire de la vie chez les animaux, nous apparaît sous le point de vue de ses résultats comme un bienfait. Elle sauve un grand nombre d’entre eux de toute cette somme de douleurs, compagne inséparable de la mort naturelle chez tous les êtres animés ; elle abrège, elle supprime même pour tous les êtres créés inférieurs à l’homme les misères de la maladie, les accidens et les langueurs de la décrépitude ; elle réprime si salutairement leur multiplication excessive que le nombre de ceux qui restent est exactement celui qui peut trouver à satisfaire tous ses besoins. Aussi la surface de la terre et les profondeurs des mers sont-elles habitées par des milliards de créatures animées dont le bien-être dure autant que la vie, et qui, pendant le petit nombre de jours qui leur sont accordés, s’acquittent avec joie des fonc-