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MÉGATHÉRIUM.

est notre meilleur guide, notre guide essentiel toutes les fois que nous avons à étudier le mécanisme de l’organisation animale. Essayons-nous d’abord à conclure de l’ensemble et des propriétés de la machine la nature générale du travail auquel elle est destinée ; et, à l’aide des caractères tirés des parties les plus importantes, nous voulons dire des pieds et des dents, nous nous enquerrons du genre de nourriture que ces organes étaient destinés à saisir et à broyer. Ensuite nous verrons que chacun des autres organes s’acquitte de toutes ses fonctions dans une subordination harmonieuse envers ce but principal de toute économie animale.

Toutes les fois qu’il s’agit d’animaux ordinaires, le passage des diverses formes d’organisation les unes dans les autres se fait par des degrés si insensibles, et les diverses fonctions dans chaque espèce sont expliquées d’une manière si complète et si immédiate par les mêmes fonctions dans les espèces circonvoisines, que nous éprouvons rarement quelque difficulté à saisir la cause finale d’un arrangement quelconque à mesure qu’il s’offre à nos investigations anatomiques. Ceci est vrai surtout du squelette, lequel est la charpente de tous les autres mécanismes de l’organisation ; et cette partie est de la plus haute importance pour l’histoire des animaux fossiles dont il nous reste rarement autre chose que des os, des dents et des tégumens écailleux ou osseux. Mais je choisis de préférence le mégathérium, parce que ce sera pour nous un exemple des écarts les plus extraordinaires, et d’une apparence monstrueuse des plus tranchées, que cet animal gigantesque qui surpasse en volume les plus grands rhinocéros, et qui n’a pas, dans toute la nature vivante, de plus proches voisins en organisation que les genres non moins anormaux des paresseux, des tatous et des chlamiphores, dont le premier est organisé pour le but spécial de vivre sur les arbres, et les deux derniers pour s’en