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SAURIENS MARINS.

d’une ceinture complète formée de cinq pièces[1]. Cuvier a fait remarquer le rapport qu’il y a entre ce mode de structure et celui que présentent les côtes chez les caméléons, et chez deux espèces d’iguanes (le lézard marbré, lacerta marmorata, Linn., et l’anolis, anolius Cuv.), et la conséquence qui se présente naturellement à l’esprit, que les poumons, de même que dans ces trois genres actuellement vivans, durent être fort grands, et qu’il était possible que la coloration de leur peau fût soumise à des changemens en rapport avec les variations dans l’intensité de leurs inspirations[2]. Ossemens fossiles, T. V., 2e part., p. 280.

Cette opinion de Cuvier est purement hypothétique ; et

  1. La portion ventrale de chacune des côtes (pl. 17 et pl. 18, fig. 3, 6) parait composée de trois os minces appliqués les uns contre les autres au moyen de rainures obliques qui leur permettaient un mouvement d’extension considérable, durant la dilatation des poumons. La manière ont ces trois os se combinaient ensemble se voit très bien dans la série figurée de a en d, où les extrémités supérieures de la portion ventrale dès côtes (b) ont été séparées de l’extrémité inférieure des portions vertébrales, par la pression, à laquelle elles ont été soumises,
  2. Nous n’avons aucun moyen de vérifier cette conjecture ingénieuse qui fait du plésiosaure une sorte de caméléon marin, doué de la facilité de faire varier la couleur de ses tégumens ; mais nous devons admettre qu’une faculté semblable lui eût été du plus grand avantage en lui fournissant un moyen de se soustraire plus complètement à la vue de l’ichthyosaure, son ennemi le plus formidable. Contre cet adversaire, tout combat à armes égales lui était impossible, soit à cause de la petitesse de sa tête ou de la longueur extrême de son cou ; et la faiblesse de ses moyens de locomotion le mettait également dans l’impossibilité de fuir. L’agrandissement de ses poumons avait encore cet important avantage qu’elle permettait à l’animal de venir moins fréquemment à la surface pour y respirer l’air atmosphérique, opération qui ne pouvait s’exécuter sans un danger imminent, au sein de mers où fourmillaient les ichthyosaures. Le docteur Stark a dernièrement observé que certains poissons, et spécialement les vérons (leuciscus phoxinus), ont une tendance à prendre la couleur des vases où on les conserve. (Proceedings zoo. soc. Lond. juillet, 1833.) Comme dans cette classe d’êtres il n’existe pas de poumons, ce changement dans les couleurs ne peut être attribué à la