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NAUTILES.

Les mollusques qui habitaient plusieurs espèces de nautiles et d’ammonites fossiles possédaient un appareil buccal tout semblable ; c’est ce que prouvent les rhyncholites ou becs pétrifiés appartenant à des animaux de ces deux genres, et qui se trouvent en si grande abondance dans plusieurs des terrains stratifiés où l’on en rencontre les coquilles fossiles, tels que l’oolite de Stonesfield, le lias de Lyme-Regis et de Bath, le calcaire conchylien de Lunéville.

De même que nous avons conclu de la structure des dents des quadrupèdes ou de celle du bec des oiseaux la nature des alimens que ces organes étaient destinés à saisir et à dépecer, nous pouvons conclure aussi de la ressemblance qu’offrent les rhyncholites avec le bec du nautilus pompilius, que la plupart de ces corps singuliers étaient des becs de céphalopodes qui habitaient les coquilles fossiles auxquelles nous les trouvons associés, et que ces céphalopodes remplaçaient, dans l’économie générale de la nature, le nautile et les trachélipodes carnivores de notre époque, en limitant dans de justes bornes l’accroissement excessif des crustacés et des mollusques qui habitaient le fond des mers durant les périodes secondaires et les périodes de transition.

Partant donc de la conséquence à laquelle nous conduisent ces analogies, que les animaux qui habitaient les coquilles des nautiles et des ammonites fossiles étaient des céphalopodes, d’habitudes pareilles à celles du mollusque qui construit la coquille du nautile flambé, nous allons essayer de conclure, de l’organisation et des habitudes de ce dernier, comment ces coquilles fossiles s’adaptaient aux besoins de créatures qui se tenaient dans certains temps au fond des mers et y prenaient leur nourriture, tandis que d’autres fois elles venaient flotter à la surface.