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LES DÉCOUVERTES GÉOLOGIQUES

premier jour (car Moïse ayant divise le temps d’après la méthode judaïque, chaque jour se compte du commencement de la soirée au commencement de la soirée suivante), et ce pre-

    manichéisme, t. 2, liv. 5, chap.4 ; et mieux, par Petavius, Dogm. théol. tom. 5, De opificio sex dierum, lib. 1, chap. 1, § 8.

    » Après avoir relu et étudié ce récit, le seul résultat auquel je puisse arriver, c’est que les mots créer et faire sont synonymes, quoique le premier exprime cette idée avec plus de force ; et ils sont en effet continuellement pris l’un pour l’autre. — «Dieu créa les grandes baleines (Gen. I. vers. 21) ; — Dieu fit la bête de la terre (vers. 25). — Faisons l’homme (vers. 26) ; ainsi Dieu créa l’homme (vers. 27). » — Mais il est en même temps probable que le mot « hara, » créer, fut choisi à cause de sa signification plus élevée pour désigner la formation primitive du ciel et de la terre.

    » Cependant le seul point réellement important qu’il y ait à débattre dans l’interprétation du premier chapitre de la Genèse, c’est de déterminer d’une manière définitive si les deux premiers versets sont un simple résumé de ce qui va être raconté plus en détail dans le reste du chapitre, et conséquemment une sorte d’introduction à ce dernier, ou s’ils renferment l’indication d’un fait de création distinct. Or, cette dernière interprétation me paraît être la vraie, d’abord parce que la création du globe lui-même n’y est mentionnée nulle part ailleurs, puis parce que le second verset nous expose l’état de la terre après qu’elle eut été ainsi créée, et nous prépare de cette manière au récit de l’œuvre des six jours ; et s’il y est question d’une création, il me semble que cette création, qui a eu lieu « au commencement, » a dû précéder les six jours ; car on observera que l’histoire de chacun de ces jours est précédée de la déclaration, « Dieu dit », ou « Dieu voulut que telle chose fût » — (« et Dieu dit »)— ; et par conséquent la forme même du récit semble nous indiquer que la création du premier jour commença quand ces mots furent prononcés pour la première fois, c’est-à-dire lorsque la lumière fut créée, au verset 5. Quant à l’époque de la création dont il est question au verset 1, elle ne me paraît pas déterminée ; ce que nous y apprenons seulement, c’est ce qui seul nous importe, savoir que toutes choses ont été créées par Dieu. Et ce n’est pas ici une opinion nouvelle. Plusieurs Pères de l’Église, cités par Petavius (loc. cit. chap. XI, § 1—8), pensent que les deux premiers versets de la Genèse renferment le récit d’un acte de création distinct et antérieur. Quelques-uns, comme saint Augustin, Théodoret et autres, rapportent à cette époque la création de la matière ; d’autres, celle des élémens ; d’autres encore (et ce sont les plus nombreux) pensent que ce ne sont pas les cieux visibles dont il est question dans ce passage, mais ce qu’ils regardent comme dé