Page:Buckland - La Géologie et la Minéralogie dans leurs rapports avec la théologie naturelle, 1838, tome 1.djvu/71

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
49
ROCHES STRATIFIÉS PRIMITIVES.

On nous objectera peut-être que nous n’avons aucunement le droit d’affirmer que toute vie et toute organisation fussent impossibles à la surface de notre planète ou dans son intérieur à l’époque où elle était dans un état de liquéfaction ignée. — « Qui indiquera, ainsi que l’observe un homme aux ingénieuses spéculations de l’esprit[1] dans quelles limites l’intelligence infinie peut varier ses manifestations ; qui démontrera l’impossibilité d’organisations entièrement différentes de celles que nous avons sous les

    cces à une grande hauteur au-dessus des roches d’origine ignée. Bien que plusieurs espèces de calcaires aient pu être converties, dans certains cas, en marbres cristallins, par l’action du feu sous une pression énorme, on peut, sans recourir à cette action, expliquer la consolidation des couches ordinaires de carbonate de chaux. On rencontre fréquemment, dans certains lits de grès appartenant aux formations secondaires et tertiaires, un ciment calcaire qui peut avoir été précipité de la même manière que la substance des stalactites ou du calcaire ordinaire. Si ce ciment est siliceux, il peut encore avoir été déposé par quelque voie humide, analogue à celle par laquelle la matière de la chalcédoine ou du quarz se présente dans la nature tenue en suspension ou en dissolution ; il y a là un procédé dont nous ne pouvons nier l’existence, bien que jusqu’à présent la chimie ait en vain cherché à le reproduire. Les lits d’argile qui alternent avec le calcaire, le sable et le grès, dans les formations secondaires et tertiaires, ne nous présentent aucun indice de l’action du feu ; nulle part il ne s’y est effectué une consolidation assez considérable pour qu’on ne puisse pas l’expliquer par la pression ou par l’admission de certaines proportions de carbonate de chaux sur les points où les lits d’argile se transforment en lits de marne et de marne pierreuse (marl and marlstone). Des lits d’argile molle et non consolidée ou d’un sable sans consistance ne se rencontrent que très rarement, si même il arrive qu’on les rencontre quelquefois, dans les couches primitives ou dans les portions les plus basses des terrains de transition. Les premiers dépôts de sable paraissent avoir été convertis par l’action de la chaleur en roches d’un quarz compacte, et les lits d’argile en schistes argileux ou en toute autre forme de schiste primitif. Les roches que quelques auteurs désignent sous le nom de grawacke primitif paraissent être des dépôts mécaniques d’un grès grossier, dans lequel la forme des fragmens n’a pas été aussi complètement altérée par la chaleur que dans les roches de quarz compacte.

  1. Tucker, Light of nature, liv. iii. chap. 10.