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ROCHES STRATIFIÉS PRIMITIVES.

yeux ? Qui sait quelles cavités sont contenues dans le sein de la terre, et quelles créatures vivantes peuvent les habiter, douées de sens à nous inconnus, recevant des courans magnétiques les services que nous rend la lumière, et de l’électricité des sensations aussi vives que celles qui nous sont transmises par les sons et les odeurs ? Sur quel fondement oserions-nous affirmer qu’il ne peut exister des corps vivans dont l’organisation résiste à l’incandescence solaire, ayant le feu pour élément, des os et des muscles formés de terres fixes, pour sang et pour humeurs des métaux en fusion ; ou que d’autres n’aient pas été créés pour les régions froides de Saturne, dans les veines desquels circuleraient des fluides plus subtils que les esprits les plus rectifiés que produise l’art des chimistes ? »

Il n’est pas de notre sujet d’entrer en discussion, sur des questions de cette nature, par des raisonnemens hasardés sur la possibilité ou la non possibilité des existences, ni de déterminer par des déductions théoriques dans quelles limites il a plu au Créateur de renfermer son action. Mais ce que nous pouvons démontrer, c’est que les lois qui régissent les mouvemens et les propriétés des matériaux élémentaires n’ayant pas varié sur notre planète depuis l’époque même où la matière fut créée, aucune forme organique analogue à celles qui existent maintenant, ou dont la géologie nous révèle l’existence à quelques unes des époques de la formation graduelle de la terre, n’eût pu supporter un seul instant la température intense dont il est ici question.

Nous poserons donc cette conclusion que, bien que des êtres de nature et de propriétés tout-à-fait différentes puissent être placés par la pensée au nombre des existences possibles, il n’est aucun animal, aucun végétal, soit de ceux qui existent maintenant, soit de ceux dont on retrouve les restes à l’état fossile, qui puisse avoir supporté la température d’une