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trouve dans le village de Sainte-Agnès en Franche-Comté, à deux lieues de Lons-le-Saunier. Cette mine est dans le terrain de Saxe ; la première couche est à trois toises et demie de profondeur perpendiculaire, et de 8 à 9 pieds d’épaisseur : pour y parvenir, on traverse un sable blanc, ensuite une argile blanche et grise qui sert de toit et qui a 3 pieds d’épaisseur ; on rencontre encore au-dessous une bonne épaisseur, tant de sable que d’argile, qui recouvre la seconde couche, épaisse seulement de 3 1/2 à 4 pieds ; on a sondé beaucoup plus bas sans en trouver d’autres.

» Ces couches sont horizontales, mais elles plongent ou remontent à peu près comme les autres couches connues. Elles consistent en une terre brune, bitumineuse, qui est friable lorsqu’elle est sèche, et ressemble à du bois pourri. Il s’y trouve des pièces de bois de toute grosseur, qu’il faut couper à coups de hache, lorsqu’on les retire de la mine où elles sont encore mouillées. Ce bois étant sec se casse très facilement. Il est luisant dans sa cassure comme le bitume, mais on y reconnaît toute l’organisation du bois. Il est moins abondant que la terre ; les ouvriers le mettent à part pour leur usage.

» Un boisseau ou deux quintaux de terre bitumineuse se vend dix-huit à vingt sous de France. Il y a des pyrites dans ces couches ; la matière en est vitriolique ; elle refleurit et blanchit à l’air ; mais la matière bitumineuse n’est pas d’un grand débit, elle ne donne qu’une chaleur faible. » Voyages métallurgiques de M. Jars, page 320 et suivantes.

Tout ceci prouverait qu’en effet cette espèce de mine de bois fossile, qui se trouve si près de la surface de la terre, serait bien plus nouvelle que les mines de charbon de terre ordinaire, qui presque toutes s’enfoncent profondément ; mais cela n’empêche pas que les anciennes mines de charbon n’aient été formées des débris de végétaux, puisque dans les plus profondes on y reconnaît la substance ligneuse et plusieurs autres caractères qui n’appartiennent qu’aux végétaux ; d’ailleurs on a quelques exemples de bois fossiles trouvés en grandes masses et en lits fort étendus, sous des bancs de grès et sous des rochers calcaires. Voyez ce que j’en ai dit dans le premier volume, à l’article des Additions sur les bois souterrains. Il n’y a donc d’autre différence entre le vrai charbon de terre et ces bois charbonnifiés, que le plus ou moins de décomposition, et aussi le plus ou moins d’imprégnation par les bitumes ; mais le fond de leur substance est le même, et tous doivent également leur origine aux détriments des végétaux.

M. Le Monnier, premier médecin ordinaire du roi et savant botaniste, a trouvé dans le schiste ou fausse ardoise, qui traverse une masse de charbon de terre en Auvergne, les impressions de plusieurs espèces de fougères qui lui étaient presque toutes inconnues ; il croit seulement avoir remarqué l’impression des feuilles de l’osmonde royale, dont il dit n’avoir jamais vu qu’un seul pied dans toute l’Auvergne. Observations d’histoire naturelle par M. Le Monnier. Paris, 1739, page 193.

Il serait à désirer que nos botanistes fissent des observations exactes sur les impressions de plantes qui se trouvent dans les charbons de terre, dans les ardoises et dans les schistes ; il faudrait même dessiner et graver ces impressions de plantes aussi bien que celles des crustacés, des coquilles et des poissons que ces mines renferment, car ce ne sera qu’après ce travail qu’on pourra prononcer sur l’existence actuelle ou passée de toutes ces espèces, et même sur leur ancienneté relative. Tout ce que nous en savons aujourd’hui, c’est qu’il y en a plus d’inconnues que d’autres, et que dans celles qu’on voulu rapporter à des espèces bien connues, l’on a toujours trouvé des différences assez grandes pour n’être pas pleinement satisfait de la comparaison.


(24) Page 55, ligne 14. Nous pouvons démontrer, par des expériences aisées à répéter, que le verre et le grès en poudre se convertissent en peu de temps en argile par leur séjour dans l’eau.

« J’ai mis dans un vaisseau de faïence deux livres de grès en poudre, dit M. Nadault ;