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Page:Buffon - Histoire naturelle, 1st edition, vol. 1, 1749.djvu/90

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de la mer, & cela par toute la terre & dans tous les lieux où l’on a pû faire des observations exactes.

Tout cela posé, raisonnons.

Les changemens qui sont arrivez au globe terrestre depuis deux & même trois mille ans, sont fort peu considérables en comparaison des révolutions qui ont dû se faire dans les premiers temps après la création, car il est aisé de démontrer que comme toutes les matières terrestres n’ont acquis de la solidité que par l’action continuée de la gravité & des autres forces qui rapprochent & réunissent les particules de la matière, la surface de la terre devoit être au commencement beaucoup moins solide qu’elle ne l’est devenue dans la suite, & que par conséquent les mêmes causes qui ne produisent aujourd’hui que des changemens presqu’insensibles dans l’espace de plusieurs siècles, devoient causer alors de très-grandes révolutions dans un petit nombre d’années ; en effet il paroît certain que la terre actuellement sèche & habitée a été autrefois sous les eaux de la mer, & que ces eaux étoient supérieures aux sommets des plus hautes montagnes, puisqu’on trouve sur ces montagnes & jusque sur leurs sommets des productions marines & des coquilles, qui comparées avec les coquillages vivans sont les mêmes, & qu’on ne peut douter de leur parfaite ressemblance ni de l’identité de leurs espèces. Il paroît aussi que les eaux de la mer ont séjourné quelque temps sur cette terre, puisqu’on trouve en plusieurs endroits des bancs de coquilles si prodigieux & si étendus, qu’il n’est pas