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THÉORIE DE LA TERRE.

rivières dont les unes vont se rendre dans la mer Tranquille ou mer de la Nouvelle-Zemble, d’autres au golfe Linchidolin, d’autres à la mer de Corée, d’autres à celle de la Chine ; et de même le petit Thibet, dont les eaux coulent vers la mer de la Chine, vers le golfe de Bengale, vers le golfe de Cambaïe et vers le lac Aral ; en Amérique la province de Quito, qui fournit des eaux à la mer du Sud, à la mer du Nord, et au golfe du Mexique.

Il y a dans l’ancien continent environ quatre cent trente fleuves qui tombent immédiatement dans l’Océan ou dans la Méditerranée et la mer Noire, et dans le nouveau continent on ne connoît guère que cent quatre-vingts fleuves qui tombent immédiatement dans la mer ; au reste, je n’ai compris dans ce nombre que des rivières grandes au moins comme l’est la Somme en Picardie.

Toutes ces rivières transportent à la mer avec leurs eaux une grande quantité de parties minérales et salines qu’elles ont enlevées des différents terrains par où elles ont passé. Les particules de sels, qui, comme l’on sait, se dissolvent aisément, arrivent à la mer avec les eaux des fleuves. Quelques physiciens, et entre autres Halley, ont prétendu que la salure de la mer ne provenoit que des sels de la terre que les fleuves y transportent ; d’autres ont dit que la salure de la mer étoit aussi ancienne que la mer même, et que ce sel n’avoit été créé que pour l’empêcher de se corrompre : mais on peut croire que l’eau de la mer est préservée de la corruption par l’agitation des vents et par celle du flux et reflux, autant que par le sel qu’elle contient ; car quand on la garde dans un tonneau, elle se