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ART. X. FLEUVES.

corrompt au bout de quelques jours, et Boyle rapporte qu’un navigateur pris par un calme qui dura treize jours, trouva la mer si infectée au bout de ce temps que si le calme n’eut cessé, la plus grande partie de son équipage auroit péri. L’eau de la mer est aussi mêlée d’une huile bitumineuse, qui lui donne un goût désagréable, et qui la rend très malsaine. La quantité de sel que l’eau de la mer contient, est d’environ une quarantième partie, et la mer est à peu près également salée partout, au dessus comme au fond, également sous la ligne et au cap de Bonne-Espérance, quoiqu’il y ait quelques endroits, comme à la côte de Mozambique, où elle est plus salée qu’ailleurs. On prétend aussi qu’elle est moins salée dans la zone arctique : cela peut venir de la grande quantité de neige et des grands fleuves qui tombent dans ces mers, et de ce que la chaleur du soleil n’y produit que peu d’évaporation, en comparaison de l’évaporation qui se fait dans les climats chauds.

Quoi qu’il en soit, je crois que les vraies causes de la salure de la mer sont non seulement les bancs de sel qui ont pu se trouver au fond de la mer et le long des côtes, mais encore les sels mêmes de la terre que les fleuves y transportent continuellement ; et que Halley a eu quelque raison de présumer qu’au commencement du monde la mer n’étoit que peu ou point salée, qu’elle l’est devenue par degrés et à mesure que les fleuves y ont amené des sels ; que cette salure augmente peut-être tous les jours et augmentera toujours de plus en plus, et que par conséquent il a pu conclure qu’en faisant des expériences pour reconnoître la quantité de sel dont l’eau d’un fleuve est chargée lorsqu’elle