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ART. X. FLEUVES.

entraînées dans un même sillon : il y en a de si grosses, que leur superficie au dessus de l’eau surpasse l’extrémité des mâts des plus gros navires, etc.[1]. »

On trouve dans le recueil des voyages qui ont servi à l’établissement de la compagnie des Indes d’Hollande, un petit journal historique au sujet des glaces de la Nouvelle-Zemble, dont voici l’extrait : « Au cap de Troost le temps fut si embrumé, qu’il fallut amarrer le vaisseau à un banc de glace qui avoit 36 brasses de profondeur dans l’eau, et environ 16 brasses au dessus, si bien qu’il avoit 62 brasses d’épaisseur…

« Le 10 d’août, les glaces s’étant séparées, les glaçons commencèrent à flotter, et alors on remarqua que le gros banc de glace auquel le vaisseau avoit été amarré, touchoit au fond, parce que tous les autres passoient au long et le heurtoient sans l’ébranler ; on craignit donc de demeurer pris dans les glaces, et on tâcha de sortir de ce parage, quoique en passant on trouvât déjà l’eau prise, le vaisseau faisant craquer la glace bien loin autour de lui : enfin on aborda un autre banc, où l’on porta vite l’ancre de touée, et l’on s’y amarra jusqu’au soir.

» Après le repas, pendant le premier quart, les glaces commencèrent à se rompre avec un bruit si terrible, qu’il n’est pas possible de l’exprimer. Le vaisseau avoit le cap au courant qui charrioit les glaçons, si bien qu’il fallut filer du câble pour se retirer ; on compta plus de 400 gros bancs de glace, qui enfonçoient de 10 brasses dans l’eau, et paroissoient de la hauteur de 2 brasses au dessus.

  1. Voyez la traduction des Voyages de Lade, par M. l’abbé Prévost, tome II, pages 305 et suivantes.