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THÉORIE DE LA TERRE.

» Ensuite on amarra le vaisseau à un autre banc qui enfonçoit de 6 grandes brasses, et l’on mouilla en croupière. Dès qu’on y fut établi, on vit encore un autre banc peu éloigné de cet endroit là, dont le haut s’élevoit en pointe, tout de même que la pointe d’un clocher, et il touchoit le fond de la mer ; on s’avança vers ce banc, et l’on trouva qu’il avoit 20 brasses de haut dans l’eau, et à peu près 12 brasses au dessus.

» Le 11 août on nagea encore vers un autre banc qui avoit 18 brasses de profondeur, et 10 brasses au dessus de l’eau…

» Le 21, les Hollandois entrèrent assez avant dans le port des glaces, et y demeurèrent à l’ancre pendant la nuit : le lendemain matin ils se retirèrent et allèrent amarrer leur bâtiment à un banc de glace sur lequel ils montèrent et dont ils admirèrent la figure comme une chose très singulière ; ce banc étoit couvert de terre sur le haut, et on y trouva près de quarante œufs ; la couleur n’en étoit pas non plus comme celle de la glace, elle étoit d’un bleu céleste. Ceux qui étoient là raisonnèrent beaucoup sur cet objet ; les uns disoient que c’étoit un effet de la glace, et les autres soutenoient que c’étoit une terre gelée. Quoi qu’il en fût, ce banc étoit extrêmement haut, il avoit environ 18 brasses sous l’eau et 10 brasses au dessus[1]. »

Wafer rapporte que près de la Terre-de-Feu il a rencontré plusieurs glaces flottantes très élevées, qu’il prit d’abord pour des îles. Quelques unes, dit-il, paroissent avoir une lieue ou deux de long, et la plus grosse de toutes lui parut avoir 4 ou 500 pieds de haut.

  1. Troisième Vovage des Hollandois par le Nord, tome I, pages 46 et suivantes.