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ART. XI. MERS ET LACS.

Depuis l’entrée de la mer Rouge au cap Guardafui jusqu’à la pointe de l’Afrique au cap de Bonne-Espérance, l’Océan a une direction assez égale, et il ne forme aucun golfe considérable dans l’intérieur des terres ; il y a seulement une espèce d’enfoncement à la côte de Mélinde, qu’on pourroit regarder comme faisant partie d’un grand golfe, si l’île de Madagascar étoit réunie à la terre ferme. Il est vrai que cette île, quoique séparée par le large détroit de Mozambique, paroît avoir appartenu autrefois au continent : car il y a des sables fort hauts et d’une vaste étendue dans ce détroit, surtout du côté de Madagascar ; ce qui reste de passage absolument libre dans ce détroit n’est pas fort considérable.

En remontant la côte occidentale de l’Afrique depuis le cap de Bonne-Espérance jusqu’au cap Négro, les terres sont droites et dans la même direction, et il semble que toute cette longue côte ne soit qu’une suite de montagnes ; c’est au moins un pays élevé qui ne produit, dans une étendue de plus de 500 lieues, aucune rivière considérable, à l’exception d’une ou de deux dont on n’a reconnu que l’embouchure : mais au delà du cap Négro la côte fait une courbe dans les terres, qui, dans toute l’étendue de cette courbe, paroissent être un pays plus bas que le reste de l’Afrique, et qui est arrosé de plusieurs fleuves dont les plus grands sont le Coanza et le Zaïr ; on compte depuis le cap Négro jusqu’au cap Gonsalvez vingt-quatre embouchures de rivières toutes considérables, et l’espace contenu entre ces deux caps est d’environ 420 lieues en suivant les côtes. On peut croire que l’Océan a un peu gagné sur ces terres basses de l’Afrique, non