Page:Buffon - Oeuvres completes, 1829, T02.djvu/167

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
161
ART. XI. MERS ET LACS.

étant parvenue à un certain niveau, se trouve pressée par la quantité nouvelle qui la charge sans cesse, pendant que les vents agissent en sens contraire sur la surface, la contraint en partie de conserver son cours ordinaire. Cela me paroît d’autant plus probable, que la mer entre de tous côtés dans ce golfe, et n’en sort que par des révolutions qui sont fort rares. La lune n’a aucune part apparente dans ceci, cela arrivant indifféremment dans tous ses quartiers.

» J’ai eu occasion de me convaincre de plus en plus que la seule pression de l’eau parvenue à son niveau, jointe à l’inclinaison nécessaire du fond, sont les seules et uniques causes qui produisent ce phénomène. J’ai éprouvé que ces courants n’ont lieu qu’à raison de la pente plus ou moins rapide du rivage, et j’ai tout lieu de croire qu’ils ne se font sentir qu’à douze ou quinze lieues au large, qui est l’éloignement le plus grand le long de la côte d’Angole, où l’on puisse se promettre avoir fond… Quoique sans moyen certain de pouvoir m’assurer que les courants du large n’éprouvent pas un pareil changement, voici la raison qui me semble l’assurer. Je prends pour exemple une de mes expériences faite par une hauteur de fond moyenne, telle que trente-cinq brasses d’eau : j’éprouvois jusqu’à la hauteur de cinq à six brasses, le cours dirigé dans le nord-nord-ouest ; en faisant couler davantage comme de deux à trois brasses, ma ligne tendoit au ouest-nord-ouest ; ensuite trois ou quatre brasses de profondeur de plus me l’amenoient au ouest-sud-ouest, puis au sud-ouest, et au sud ; enfin, à vingt-cinq et vingt-six brasses, au sud-sud-est, et jusqu’au fond, au sud-est et à est-sud-est : d’où j’ai