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ART. XI. MERS ET LACS.

cent de largeur, et elle reçoit un grand nombre de fleuves dont les plus considérables sont le Danube, le Niéper, le Don, le Bog, le Donjec, etc. Le Don, qui se réunit avec le Donjec, forme, avant que d’arriver à la mer Noire, un lac ou un marais fort considérable, qu’on appelle le Palus Méotide, dont l’étendue est de plus de cent lieues en longueur, sur vingt ou vingt-cinq de largeur. La mer de Marmara, qui est au dessous de la mer Noire, est un lac plus petit que le Palus Méotide, et il n’a qu’environ cinquante lieues de longueur sur huit ou neuf de largeur. Quelques anciens, et entre autres Diodore de Sicile, ont écrit que le Pont-Euxin, ou la mer Noire, n’étoit autrefois que comme une grande rivière ou un grand lac qui n’avoit aucune communication avec la mer de Grèce ; mais que ce grand lac s’étant augmenté considérablement avec le temps par les eaux des fleuves qui y arrivent, il s’étoit enfin ouvert un passage, d’abord du côté des îles Cyanées, et ensuite du côté de l’Hellespont. Cette opinion me paroît assez vraisemblable, et même il est facile d’expliquer le fait ; car en supposant que le fond de la mer Noire fût autrefois plus bas qu’il ne l’est aujourd’hui, on voit bien que les fleuves qui y arrivent, auront élevé le fond de cette mer par le limon et les sables qu’ils entraînent, et que par conséquent il a pu arriver que la surface de cette mer se soit élevée assez pour que l’eau ait pu se faire une issue ; et comme les fleuves continuent toujours à amener du sable et des terres, et qu’en même temps la quantité d’eau diminue dans les fleuves, à proportion que les montagnes dont ils tirent leurs sources s’abaissent, il peut arriver, par une longue suite de siècles,