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ART. XI. MERS ET LACS.

mer perd par l’évaporation ; car en la supposant même proportionnée aux surfaces, on voit bien que dans un climat chaud elle doit être plus considérable que dans un pays froid. D’ailleurs l’eau mêlée de sel et de bitume s’évapore plus lentement que l’eau douce ; une mer agitée, plus promptement qu’une mer tranquille ; la différence de profondeur y fait aussi quelque chose : en sorte qu’il entre tant d’éléments dans cette théorie de l’évaporation, qu’il n’est guère possible de faire sur cela des estimations qui soient exactes.

L’eau de la mer Noire paroît être moins claire, et elle est beaucoup moins salée que celle de l’Océan. On ne trouve aucune île dans toute l’étendue de cette mer : les tempêtes y sont très violentes et plus dangereuses que sur l’Océan, parce que toutes les eaux étant contenues dans un bassin qui n’a, pour ainsi dire, aucune issue, elles ont une espèce de mouvement de tourbillon, lorsqu’elles sont agitées, qui bat les vaisseaux de tous les côtés avec une violence insupportable[1].

Après la mer Noire, le plus grand lac de l’univers est la mer Caspienne, qui s’étend du midi au nord sur une longueur d’environ trois cents lieues, et qui n’a guère que cinquante lieues de largeur en prenant une mesure moyenne. Ce lac reçoit l’un des plus grands fleuves du monde, qui est le Wolga, et quelques autres rivières considérables, comme celles de Kur, de Faie, de Gempo ; mais ce qu’il y a de singulier, c’est qu’elle n’en reçoit aucune dans toute cette longueur de trois cents lieues du côté de l’orient. Le

  1. Voyez les Voyages de Chardin, page 142.