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THÉORIE DE LA TERRE.

même auteur : « Tout le monde sait que les plus grandes eaux de l’Europe tombent dans la mer Noire par le moyen du Danube, dans lequel se dégorgent les rivières de Suabe, de Franconie, de Bavière, d’Autriche, de Hongrie, de Moravie, de Carinthie, de Croatie, de Bothnie, de Servie, de Transylvanie, de Valachie ; celles de la Russie Noire et de la Podolie se rendent dans la même mer par le moyen du Niester ; celles des parties méridionales et orientales de la Pologne, de la Moscovie septentrionale, et du pays des Cosaques, y entrent par le Niéper ou Borysthène ; le Tanaïs et le Copa arrivent aussi dans la mer Noire par le Bosphore Cimmérien ; les rivières de la Mingrélie, dont le Phase est la principale, se vident aussi dans la mer Noire, de même que le Casalmac, le Sangaris et les autres fleuves de l’Asie mineure qui ont leur cours vers le nord ; néanmoins le Bosphore de Thrace n’est comparable à aucune de ces grandes rivières[1]. »

Tout cela prouve que l’évaporation suffit pour enlever une quantité d’eau très considérable, et c’est à cause de cette grande évaporation qui se fait sur la Méditerranée, que l’eau de l’Océan coule continuellement pour y arriver par le détroit de Gibraltar. Il est assez difficile de juger de la quantité d’eau que reçoit une mer ; il faudroit connoître la largeur, la profondeur, et la vitesse de tous les fleuves qui y arrivent, savoir de combien ils augmentent et diminuent dans les différentes saisons de l’année : et quand même tous ces faits seroient acquis, le plus important et le plus difficile reste encore, c’est de savoir combien cette

  1. Voyez le Voyage du Levant de Tournefort, vol. II, page 123.