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THÉORIE DE LA TERRE.

qu’à deux ou trois lieues de superficie, dont les bords sont revêtus d’une muraille de pierre ; ces réservoirs se remplissent pendant la saison des pluies ; et servent aux habitants pendant l’été, lorsque l’eau leur manque absolument, à cause du grand éloignement où ils sont des fleuves et des fontaines.

Les lacs qui ont quelque chose de particulier sont la mer Morte, dont les eaux contiennent beaucoup plus de bitume que de sel ; ce bitume, qu’on appelle bitume de Judée, n’est autre chose que de l’asphalte, et aussi quelques auteurs ont appelé la mer Morte lac Asphaltite. Les terres aux environs du lac contiennent une grande quantité de ce bitume. Bien des gens se sont persuadé, au sujet de ce lac, des choses semblables à celles que les poëtes ont écrites du lac d’Averne, que le poisson ne pouvoit y vivre, que les oiseaux qui passoient par dessus étoient suffoqués : mais ni l’un ni l’autre de ces lacs ne produit ces funestes effets, ils nourrissent tous deux du poisson, les oiseaux volent par dessus, les hommes s’y baignent sans aucun danger.

Il y a, dit-on, en Bohême, dans la campagne de Boleslaw, un lac où il y a des trous d’une profondeur si grande, qu’on n’a pu le sonder, et il s’élève de ces trous des vents impétueux qui parcourent toute la Bohême, et qui pendant l’hiver élèvent souvent en l’air des morceaux de glace de plus de cent livres de pesanteur. On parle d’un lac en Islande qui pétrifie ; le lac Néagh en Irlande a aussi la même propriété : mais ces pétrifications produites par l’eau de ces lacs ne sont sans doute autre chose que des incrustations comme celles que fait l’eau d’Arcueil.