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ART. XI. MERS ET LACS.

Sur les parties septentrionales de la mer Atlantique.

* À la vue des îles et des golfes qui se multiplient ou s’agrandissent autour du Groenland, il est difficile, disent les navigateurs, de ne pas soupçonner que la mer ne refoule, pour ainsi dire, des pôles vers l’équateur : ce qui peut autoriser cette conjecture, c’est que le flux qui monte jusqu’à dix-huit pieds au cap des États, ne s’élève que de huit pieds à la baie de Disko, c’est-à-dire à dix degrés plus haut de latitude nord.

Cette observation des navigateurs, jointe à celle de l’article précédent, semble confirmer encore ce mouvement des mers depuis les régions australes aux septentrionales, où elles sont contraintes, par l’obstacle des terres, de refouler ou refluer vers les plages du midi.

Dans la baie de Hudson, les vaisseaux ont à se préserver des montagnes de glaces auxquelles des navigateurs ont donné quinze à dix-huit cents pieds d’épaisseur, et qui étant formées par un hiver permanent de cinq à six ans dans de petits golfes éternellement remplis de neige, en ont été détachées par les vents de nord-ouest ou par quelque cause extraordinaire.

Le vent du nord-ouest, qui règne presque continuellement durant l’hiver, et très souvent en été, excite dans la baie même des tempêtes effroyables. Elles sont d’autant plus à craindre, que les bas-fonds y sont très communs. Dans les contrées qui bordent cette baie, le soleil ne se lève, ne se couche jamais sans un grand cône de lumière : lorsque ce phénomène a dis-