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THÉORIE DE LA TERRE.

sont en fragments, mais assez gros pour qu’on puisse reconnoître à l’œil l’espèce de coquilles à laquelle ces fragments appartiennent, et c’est là où se bornent les observations et les connoissances que l’inspection peut nous donner. Mais je vais plus loin : je prétends que les coquilles sont l’intermède que la nature emploie pour former la plupart des pierres ; je prétends que les craies, les marnes, et les pierres à chaux ne sont composées que de poussière et de détriments de coquilles ; que par conséquent la quantité des coquilles détruites est infiniment plus considérable que celle des coquilles conservées. On verra dans le discours sur les minéraux les preuves que j’en donnerai ; je me contenterai d’indiquer ici le point de vue sous lequel il faut considérer les couches dont le globe est composé. La première couche extérieure est formée du limon de l’air, du sédiment des pluies, des rosées, et des parties végétales ou animales, réduites en particules dans lesquelles l’ancienne organisation n’est pas sensible ; les couches intérieures de craie, de marne, de pierre à chaux, de marbre, sont composées de détriments de coquilles et d’autres productions marines, mêlées avec des fragments de coquilles ou avec des coquilles entières ; mais les sables vitrifiables et l’argile sont les matières dont l’intérieur du globe est composé ; elles ont été vitrifiées dans le temps que le globe a pris sa forme, laquelle suppose nécessairement que la matière a été toute en fusion. Le granite, le roc vif, les cailloux, et les grès en grande masse, les ardoises, doivent leur origine au sable et à l’argile, et ils sont aussi disposés par couches : mais les tufs, les grès, et les cailloux qui ne sont pas en