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ART. VIII. PRODUCTIONS DE LA MER.

Cette quantité si considérable de coquilles nous étonnera moins, si nous faisons attention à quelques circonstances qu’il est bon de ne pas omettre. La première est que les coquillages se multiplient prodigieusement, et qu’ils croissent en fort peu de temps ; l’abondance d’individus dans chaque espèce prouve leur fécondité. On a un exemple de cette grande multiplication dans les huîtres : on enlève quelquefois dans un seul jour un volume de ces coquillages de plusieurs toises de grosseur ; on diminue considérablement en assez peu de temps les rochers dont on les sépare, et il semble qu’on épuise les autres endroits où on les pêche : cependant l’année suivante on en retrouve autant qu’il y en avoit auparavant ; on ne s’aperçoit pas que la quantité d’huîtres soit diminuée, et je ne sache pas qu’on ait jamais épuisé les endroits où elles viennent naturellement. Une seconde attention qu’il faut faire c’est que les coquilles sont d’une substance analogue à la pierre, qu’elles se conservent très long-temps dans les matières molles, qu’elles se pétrifient aisément dans les matières dures, et que ces productions marines et ces coquilles que nous trouvons sur la terre, étant les dépouilles de plusieurs siècles, elles on dû former un volume fort considérable.

Il y a, comme on voit, une prodigieuse quantité de coquilles bien conservées dans les marbres, dans les pierres à chaux, dans les craies, dans les marnes, etc. On les trouve, comme je viens de le dire, par collines et par montagnes ; elles font souvent plus de la moitié du volume des matières où elles sont contenues : elles paroissent la plupart bien conservées ; d’autres