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THÉORIE DE LA TERRE.

Les voyageurs nous assurent que, dans ces mers voisines du Groenland, il y a des montagnes de glaces flottantes très hautes, et d’autres glaces flottantes comme des radeaux, qui ont plus de deux cents toises de longueur sur soixante ou quatre-vingts de largeur : mais ces glaces, qui forment des plaines immenses sur la mer, n’ont communément que neuf à douze pieds d’épaisseur : il paroît qu’elles se forment immédiatement sur la surface de la mer dans la saison la plus froide, au lieu que les autres glaces flottantes et très élevées viennent de la terre, c’est-à-dire des environs des montagnes et des côtes, d’où elles ont été détachées et roulées dans la mer par les fleuves. Ces dernières glaces entraînent beaucoup de bois, qui sont ensuite jetés par la mer sur les côtes orientales du Groenland : il paroît que ces bois ne peuvent venir que de la terre de Labrador, et non pas de la Norwège, parce que les vents du nord-est, qui sont très violents dans ces contrées, repousseroient ces bois, comme les courants, qui portent du sud au détroit de Davis et à la baie de Hudson, arrêteroient tout ce qui peut venir de l’Amérique aux côtes du Groenland.

La mer commence à charroyer des glaces au Spitzberg dans les mois d’avril et de mai ; elles viennent au détroit de Davis en très grande quantité, partie de la Nouvelle-Zemble, et la plupart le long de la côte orientale du Groenland, portées de l’est à l’ouest, suivant le mouvement général de la mer.

L’on trouve, dans le Voyage du capitaine Phipps, les indices et les faits suivants.

« Dès 1527, Robert Thorne, marchand de Bristol,