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ART. XI. MERS ET LACS.

y a cinquante ans, jusqu’au 88e degré. Le docteur Campbell, ajoute-t-on, tenoit ce fait d’un certain docteur Daillie, qui étoit à bord du vaisseau, et qui professoit la médecine à Londres en 1745. C’est probablement le même navigateur que j’ai cité moi-même sous le nom de capitaine Mouton ; mais je doute beaucoup de la réalité de ce fait, et je suis maintenant très persuadé qu’on tenteroit vainement d’aller au delà du 82 ou 83e degré, et que si le passage par le nord est possible, ce ne peut être qu’en prenant la route de la baie de Hudson.

Voici ce que dit à ce sujet le savant et ingénieux auteur de l’Histoire des deux Indes : « La baie de Hudson a été long-temps regardée et on la regarde encore comme la route la plus courte de l’Europe aux Indes orientales et aux contrées les plus riches de l’Asie.

» Ce fut Cabot qui le premier eut l’idée d’un passage par le nord-ouest à la mer du Sud. Ses succès se terminèrent à la découverte de l’île de Terre-Neuve. On vit entrer dans la carrière après lui un grand nombre de navigateurs anglois… Ces mémorables et hardies expéditions eurent plus d’éclat que d’utilité. La plus heureuse ne donna pas la moindre conjecture sur le but qu’on se proposoit… On croyoit enfin que c’étoit courir après des chimères, lorsque la découverte de la baie de Hudson ranima les espérances prêtes à s’éteindre.

» À cette époque une ardeur nouvelle fait recommencer les travaux, et enfin arrive la fameuse expédition de 1746, d’où l’on voit sortir quelques clartés après des ténèbres profondes qui duroient depuis deux siècles. Sur quoi les derniers navigateurs fondent-ils