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THÉORIE DE LA TERRE.

de meilleures espérances ? D’après quelles expériences osent-ils former leurs conjectures ? C’est ce qui mérite une discussion.

» Trois vérités dans l’histoire de la nature doivent passer désormais pour démontrées. La première est que les marées viennent de l’Océan, et qu’elles entrent plus ou moins avant dans les autres mers, à proportion que ces divers canaux communiquent avec le grand réservoir par des ouvertures plus ou moins considérables : d’où il s’ensuit que ce mouvement périodique n’existe point ou ne se fait presque pas sentir dans la Méditerranée, dans la Baltique, et dans les autres golfes qui leur ressemblent. La seconde vérité de fait est que les marées arrivent plus tard et plus foibles dans les lieux éloignés de l’Océan, que dans les endroits qui le sont moins. La troisième est que les vents violents qui soufflent avec la marée la font remonter au delà de ses bornes ordinaires, et qu’ils la retardent en la diminuant, lorsqu’ils soufflent dans un sens contraire.

» D’après ces principes, il est constant que si la baie de Hudson étoit un golfe enclavé dans des terres, et qu’il ne fût ouvert qu’à la mer Atlantique, la marée y devroit être peu marquée, qu’elle devroit s’affoiblir en s’éloignant de sa source, et qu’elle devroit perdre de sa force lorsqu’elle auroit à lutter contre les vents. Or, il est prouvé, par des observations faites avec la plus grande intelligence, avec la plus grande précision, que la marée s’élève à une grande hauteur dans toute l’étendue de la baie ; il est prouvé qu’elle s’élève à une plus grande hauteur au fond de la baie que dans le détroit même ou au voisinage ; il