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THÉORIE DE LA TERRE.

toujours alternativement dirigé de la même façon.

De ce mouvement alternatif de flux et de reflux, il résulte, comme nous l’avons dit, un mouvement continuel de la mer de l’orient vers l’occident, parce que l’astre qui produit l’intumescence des eaux va lui-même d’orient en occident, et qu’agissant successivement dans cette direction, les eaux suivent le mouvement de l’astre dans la même direction. Ce mouvement de la mer d’orient en occident est très sensible dans tous les détroits : par exemple, au détroit de Magellan, le flux élève les eaux à près de vingt pieds de hauteur, et cette intumescence dure six heures, au lieu que le reflux ou la détumescence ne dure que deux heures[1], et l’eau coule vers l’occident ; ce qui prouve évidemment que le reflux n’est pas égal au flux, et que de tous deux il résulte un mouvement vers l’occident, mais beaucoup plus fort dans le temps du flux que dans celui du reflux ; et c’est pour cette raison que, dans les hautes mers éloignées de toute terre, les marées ne sont sensibles que par le mouvement général qui en résulte, c’est-à-dire par ce mouvement d’orient en occident.

Les marées sont plus fortes, et elles font hausser et baisser les eaux bien plus considérablement dans la zone torride entre les tropiques, que dans le reste de l’Océan ; elles sont aussi beaucoup plus sensibles dans les lieux qui s’étendent d’orient en occident, dans les golfes qui sont longs et étroits, et sur les côtes où il y a des îles et des promontoires : le plus grand flux qu’on connoisse, est, comme nous l’avons dit dans l’article précédent, à l’une des embouchures du fleuve

  1. Voyez le Voyage de Narbrough.