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THÉORIE DE LA TERRE.

voit aucune communication avec notre Océan, on commença à la soupçonner par un indice de cette nature. Le mouvement alternatif du flux et du reflux, et le mouvement constant de la mer d’orient en occident, offrent différents phénomènes dans les différents climats ; ces mouvements se modifient différemment suivant le gisement des terres et la hauteur des côtes : il y a des endroits où le mouvement général d’orient en occident n’est pas sensible ; il y en a d’autres où la mer a même un mouvement contraire, comme sur la côte de Guinée : mais ces mouvements contraires au mouvement général sont occasionés par les vents, par la position des terres, par les eaux des grands fleuves, et par la disposition du fond de la mer ; toutes ces causes produisent des courants qui altèrent et changent souvent tout-à-fait la direction du mouvement général dans plusieurs endroits de la mer. Mais comme ce mouvement des mers d’orient en occident est le plus grand, le plus général, et le plus constant, il doit aussi produire les plus grands effets, et tout pris ensemble, la mer doit, avec le temps, gagner du terrain vers l’occident, et en laisser vers l’orient, quoiqu’il puisse arriver que sur les côtes où le vent d’ouest souffle pendant la plus grande partie de l’année, comme en France, en Angleterre, la mer gagne du terrain vers l’orient : mais, encore une fois, ces exceptions particulières ne détruisent pas l’effet de la cause générale.