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ART. XII. FLUX ET REFLUX.

terre ; à peine enfonçoit-elle un demi-travers de doigt. J’y fis faire quatre trous de tarière pour y planter quatre bâtons, et soutenir deux petites planches légères qui renfermoient les pierres dont je la chargeois : j’ai eu le plaisir de lui en faire porter une fois cent soixante livres, et une autre fois trois poids de fer de cinquante livres pièce. Elle servoit de chaloupe à mon nègre, qui se mettoit dessus et alloit se promener autour de la caye. » Cette pierre devoit être une pierre ponce d’un grain très fin et serré, qui venoit de quelque volcan, et que la mer avoit transportée, comme elle transporte l’ambre gris, les cocos, la pierre ponce ordinaire, les graines de plantes, les roseaux, etc. On peut voir sur cela les discours de Ray : c’est principalement sur les côtes d’Irlande et d’Écosse qu’on a fait des observations de cette espèce. La mer, par son mouvement général d’orient en occident, doit porter sur les côtes de l’Amérique les productions de nos côtes ; et ce n’est peut-être que par des mouvements irréguliers et que nous ne connoissons pas, qu’elle apporte sur nos rivages les productions des Indes orientales et occidentales ; elle apporte aussi des productions du Nord. Il y a grande apparence que les vents entrent pour beaucoup dans les causes de ces effets. On a vu souvent, dans les hautes mers, et dans un très grand éloignement des côtes, des plages entières couvertes de pierres ponces : on ne peut guère soupçonner qu’elles puissent venir d’ailleurs que des volcans des îles ou de la terre ferme, et ce sont apparemment les courants qui les transportent au milieu des mers. Avant qu’on connût la partie méridionale de l’Afrique, et dans le temps où on croyoit que la mer des Indes n’a-