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THÉORIE DE LA TERRE.

La profondeur de l’eau le long des côtes est ordinairement d’autant plus grande que ces côtes sont plus élevées, et d’autant moindre qu’elles sont plus basses ; l’inégalité du fond de la mer le long des côtes correspond aussi ordinairement à l’inégalité de la surface du terrain des côtes. Je dois citer ici ce qu’en dit un célèbre navigateur.

« J’ai toujours remarqué que dans les endroits où la côte est défendue par des rochers escarpés, la mer y est très profonde, et qu’il est rare d’y pouvoir ancrer ; et, au contraire, dans les lieux où la terre penche du côté de la mer, quelqu’élevée qu’elle soit plus avant dans le pays, le fond y est bon, et par conséquent l’ancrage. À proportion que la côte penche ou est escarpée près de la mer, à proportion trouvons-nous aussi communément que le fond pour ancrer est plus ou moins profond ou escarpé : aussi mouillons-nous plus près ou plus loin de la terre, comme nous jugeons à propos ; car il n’y a point, que je sache, de côte au monde, ou dont j’aie entendu parler, qui soit d’une hauteur égale et qui n’ait des hauts et des bas. Ce sont ces hauts et ces bas, ces montagnes et ces vallées, qui font les inégalités des côtes et des bras de mer, des petites baies et des havres, etc., où l’on peut ancrer sûrement, parce que telle est la surface de la terre, tel est ordinairement le fond qui est couvert d’eau. Ainsi l’on trouve plusieurs bons havres sur les côtes où la terre borne la mer par des rochers escarpés, et cela parce qu’il y a des pentes spacieuses entre ces rochers : mais dans les lieux où la pente d’une montagne ou d’un rocher n’est pas à quelque distance en terre d’une montagne à l’autre, et que,