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ART. XIII. INÉGALITÉS DU FOND DE LA MER.

comme sur la côte de Chili et du Pérou, le penchant va du côté de la mer, ou est dedans, que la côte est perpendiculaire ou fort escarpée depuis les montagnes voisines, comme elle est en ces pays là depuis les montagnes d’Andes qui y régnent le long de la côte, la mer y est profonde, et pour des havres ou bras de mer il n’y en a que peu ou point ; toute cette côte est trop escarpée pour y ancrer, et je ne connois point de côtes où il y ait si peu de rades commodes aux vaisseaux. Les côtes de Galice, de Portugal, de Norwége, de Terre-Neuve, etc., sont comme la côte du Pérou et des hautes îles de l’Archipélague, mais moins dépourvues de bons havres. Là où il y a de petits espaces de terre, il y a de bonnes baies aux extrémités de ces espaces dans les lieux où ils s’avancent dans la mer comme sur la côte de Caracas, etc. Les îles de Jean Fernando, de Sainte-Hélène, etc., sont des terres hautes dont la côte est profonde. Généralement parlant, tel est le fond qui paroît au dessus de l’eau, tel est celui que l’eau couvre : et pour mouiller sûrement il faut ou que le fond soit au niveau, ou que sa pente soit bien peu sensible ; car s’il est escarpé, l’ancre glisse et le vaisseau est emporté. De là vient que nous ne nous mettons jamais en devoir de mouiller dans les lieux où nous voyons les terres hautes et des montagnes escarpées qui bornent la mer : aussi, étant à vue des îles des États, proche la terre del Fuego, avant que d’entrer dans les mers du Sud, nous ne songeâmes seulement pas à mouiller après que nous eûmes vu la côte, parce qu’il nous parut près de la mer des rochers escarpés : cependant il peut y avoir de petits havres où des barques ou autres petits bâtiments