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THÉORIE DE LA TERRE.

peuvent mouiller ; mais nous ne nous mîmes pas en peine de les chercher.

» Comme les côtes hautes et escarpées ont ceci d’incommode qu’on n’y mouille que rarement, elles ont aussi ceci de commode, qu’on les découvre de loin, et qu’on en peut approcher sans danger ; aussi est-ce pour cela que nous les appelons côtes ardues, ou, pour parler plus naturellement, côtes exhaussées : mais pour les terres basses on ne les voit que de fort près, et il y a plusieurs lieux dont on n’ose approcher, de peur d’échouer avant que de les apercevoir ; d’ailleurs il y a en plusieurs endroits des bancs qui se forment par le concours des grosses rivières, qui des terres basses se jettent dans la mer.

» Ce que je viens de dire, qu’on mouille d’ordinaire sûrement près des terres basses, peut se confirmer par plusieurs exemples. Au midi de la baie de Campêche les terres sont basses pour la plupart : aussi peut-on ancrer tout le long de la côte, et il y a des endroits à l’orient de la ville de Campêche, où vous avez autant de brasses d’eau que vous êtes éloignés de la terre, c’est-à-dire depuis neuf à dix lieues de distance, jusqu’à ce que vous en soyez à quatre lieues ; et de là jusqu’à la côte la profondeur va toujours en diminuant. La baie de Honduras est encore un pays bas, et continue de même tout le long de là aux côtes de Porto-Bello et de Carthagène, jusqu’à ce qu’on soit à la hauteur de Sainte-Marthe ; de là le pays est encore bas jusque vers la côte de Caracas, qui est haute. Les terres des environs de Surinam sur la même côte sont basses, et l’ancrage y est bon ; il en est de même de là à la côte de Guinée. Telle est aussi la baie de Panama,