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THÉORIE DE LA TERRE.

fort froid dans les vallées de la mer. En général, dans les grandes mers les profondeurs augmentent, comme nous l’avons dit, d’une manière assez uniforme, en s’éloignant ou en s’approchant des côtes. Par la carte que M. Buache a dressée de la partie de l’Océan comprise entre les côtes d’Afrique et d’Amérique, et par les coupes qu’il donne de la mer depuis le cap Tagrin jusqu’à la côte de Rio-Grande, il paroît qu’il y a des inégalités dans tout l’Océan, comme sur la terre ; que les abrolhos où il y a des vigies et où l’on trouve quelques rochers à fleur d’eau, ne sont que des sommets de très grosses et de très grandes montagnes, dont l’île Dauphine est une des plus hautes pointes ; que les îles du cap Vert ne sont de même que des sommets de montagnes ; qu’il y a un grand nombre d’écueils dans cette mer, où l’on est obligé de mettre des vigies ; qu’ensuite le terrain tout autour de ces abrolhos descend jusqu’à des profondeurs inconnues, et aussi autour de ces îles.

À l’égard de la qualité des différents terrains qui forment le fond de la mer[1], comme il est impossible

  1. M. l’abbé Dicquemare, savant physicien, a fait sur ce sujet des réflexions et quelques observations particulières, qui me paroissent s’accorder parfaitement avec ce que j’en ai dit dans ma Théorie de la terre.

    « Les entretiens avec des pilotes de toutes langues ; la discussion des cartes et des sondes écrites, anciennes et récentes ; l’examen des corps qui s’attachent à la sonde ; l’inspection des rivages, des bancs ; celle des couches qui forment l’intérieur de la terre, jusqu’à une profondeur à peu près semblable à la longueur des lignes des sondes les plus ordinaires ; quelques réflexions sur ce que la physique, la cosmographie et l’histoire naturelle ont de plus analogue avec cet objet, nous ont fait soupçonner, nous ont même persuadé, dit M. l’abbé Dicquemare, qu’il doit exister, dans bien des parages, deux fonds différents,