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ART. XIII. INÉGALITÉS DU FOND DE LA MER.

de l’examiner de près, et qu’il faut s’en rapporter aux plongeurs et à la sonde, nous ne pouvons rien dire de

    dont l’un recouvre souvent l’autre par intervalles : le fond ancien ou permanent, qu’on peut nommer fond général, et le fond accidentel ou particulier. Le premier, qui doit faire la base d’un tableau général, est le sol même du bassin de la mer. Il est composé des mêmes couches que nous trouvons partout dans le sein de la terre, telles que la marne, la pierre, la glaise, le sable, les coquillages, que nous voyons disposés horizontalement, d’une épaisseur égale, sur une fort grande étendue… Ici ce sera un fond de marne ; là un de glaise, de sable, de roches. Enfin le nombre des fonds généraux qu’on peut discerner par la sonde, ne va guère qu’à six ou sept espèces. Les plus étendues et les plus épaisses de ces couches, se trouvant découvertes ou coupées en biseau, forment dans la mer de grands espaces, où l’on doit reconnoître le fond général, indépendamment de ce que les courants et autres circonstances peuvent y déposer d’étranger à sa nature. Il est encore des fonds permanents dont nous n’avons point parlé : ce sont ces étendues immenses de madrépores, de coraux, qui recouvrent souvent un fond de rochers, et ces bancs d’une énorme étendue de coquillages, que la prompte multiplication ou d’autres causes y ont accumulés ; ils y sont comme par peuplades. Une espèce paroit occuper une certaine étendue, l’espace suivant est occupé par une autre, comme on le remarque à l’égard des coquilles fossiles, dans une grande partie de l’Europe, et peut-être partout. Ce sont même ces remarques sur l’intérieur de la terre, et des lieux où la mer découvre beaucoup, où l’on voit toujours une espèce dominer comme par cantons, qui nous ont mis à portée de conclure sur la prodigieuse quantité des individus, et sur l’épaisseur des bancs du fond de la mer, dont nous ne pouvons guère connoître par la sonde que la superficie.

    » Le fond accidentel ou particulier… est composé d’une quantité prodigieuse de pointes d’oursins de toute espèce, que les marins nomment pointes d’alênes ; de fragments de coquilles, quelquefois pourries ; de crustacés, de madrépores, de plantes marines, de pyrites, de granites arrondis par le frottement, de particules de nacre, de mica, peut-être même de talc, auxquels ils donnent des noms conformes à l’apparence ; quelques coquilles entières, mais en petite quantité, et comme semées dans des étendues médiocres ; de petits cailloux, quelques cristaux, des sables colorés, un léger limon, etc. Tous ces corps, disséminés par les courants, l’agitation de la mer, etc., provenant en