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ART. XIII. INÉGALITÉS DU FOND DE LA MER.

bitons, puisqu’en effet on y trouve les mêmes matières, et qu’on tire de la surface du fond de la mer les mêmes choses que nous tirons de la surface de la terre ; et de même qu’on trouve au fond de la mer de vastes endroits couverts de coquillages, de madrépores, et d’autres ouvrages des insectes de la mer, on trouve aussi sur la terre une infinité de carrières et de bancs de craie et d’autres matières remplies de ces mêmes coquillages, de ces madrépores, etc., en sorte qu’à tous égards les parties découvertes du globe ressemblent à celles qui sont couvertes par les eaux, soit pour la composition et pour le mélange des matières, soit par les inégalités de la superficie.

C’est à ces inégalités du fond de la mer qu’on doit attribuer l’origine des courants ; car on sent bien que si le fond de l’Océan étoit égal et de niveau, il n’y auroit dans la mer d’autre courant que le mouvement général d’orient en occident, et quelques autres mouvements qui auroient pour cause l’action des vents, et qui en suivroient la direction : mais une preuve certaine que la plupart des courants sont produits par le flux et le reflux, et dirigés par les inégalités du fond de la mer, c’est qu’ils suivent régulièrement les marées, et qu’ils changent de direction à chaque flux et à chaque reflux. Voyez sur cet article ce que dit Pietro della Valle, au sujet des courants du golfe de Cambaie, et le rapport de tous les navigateurs, qui assurent unanimement que dans les endroits où le flux et le reflux de la mer est le plus violent et le plus impétueux, les courants y sont aussi plus rapides.

Ainsi on ne peut pas douter que le flux et le reflux ne produisent des courants dont la direction suit tou-