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THÉORIE DE LA TERRE.

bien précis : nous savons seulement qu’il y a des endroits couverts de bourbe et de vase à une grande épaisseur, et sur lesquels les ancres n’ont point de tenue ; c’est probablement dans ces endroits que se dépose le limon des fleuves : dans d’autres endroits ce sont des sables semblables aux sables que nous connoissons, et qui se trouvent de même de différente couleur et de différente grosseur, comme nos sables terrestres : dans d’autres ce sont des coquillages amoncelés, des madrépores, des coraux, et d’autres productions animales, lesquelles commencent à s’unir, à prendre corps, et à former des pierres : dans d’autres ce sont des fragments de pierre, des graviers, et même souvent des pierres toutes formées, et des marbres ; par exemple, dans les îles Maldives on ne bâtit qu’avec de la pierre dure que l’on tire sous les eaux à quelques brasses de profondeur ; à Marseille on tire de très beau marbre du fond de la mer : j’en ai vu plusieurs échantillons : et loin que la mer altère et gâte les pierres et les marbres, nous prouverons, dans notre discours sur les minéraux, que c’est dans la mer qu’ils se forment et qu’ils se conservent, au lieu que le soleil, la terre, l’air, et l’eau des pluies, les corrompent et les détruisent.

Nous ne pouvons donc pas douter que le fond de la mer ne soit composé comme la terre que nous ha-

    partie des fleuves, des éboulements de falaises, et autres causes accidentelles, ne recouvrent souvent qu’imparfaitement le fond général, qui se représente à chaque instant, quand on sonde fréquemment dans les mêmes parages… J’ai remarqué que depuis prés d’un siècle une grande partie des fonds généraux du golfe de Gascogne et de la Manche n’ont presque pas changé ; ce qui fonde encore mon opinion sur les deux fonds. » (Add. Buffon.)