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ART. XIII. INÉGALITÉS DU FOND DE LA MER.

et les montagnes qui se trouvent au dessous ou au dessus de la surface des eaux, ils auront donné à ces éminences cette même forme qu’on remarque aux bords des fleuves. Ainsi on ne doit pas s’étonner que nos collines et nos montagnes, qui ont été autrefois couvertes des eaux de la mer, et qui ont été formées par le sédiment des eaux, aient pris par le mouvement des courants cette figure régulière, et que tous les angles en soient alternativement opposés : elles ont été les bords des courants ou des fleuves de la mer, elles ont donc nécessairement pris une figure et des directions semblables à celles des bords des fleuves de la terre ; et par conséquent toutes les fois que le bord à main gauche aura formé un angle rentrant, le bord à main droite aura formé un angle saillant, comme nous l’observons dans toutes les collines opposées.

Cela seul, indépendamment des autres preuves que nous avons données, suffiroit pour faire voir que la terre de nos continents a été autrefois sous les eaux de la mer ; et l’usage que je fais de cette observation de la correspondance des angles des montagnes, et la cause que j’en assigne, me paroissent être des sources de lumière et de démonstration dans le sujet dont il est question : car ce n’étoit point assez d’avoir prouvé que les couches extérieures de la terre ont été formées par les sédiments de la mer, que les montagnes se sont élevées par l’entassement successif de ces mêmes sédiments, qu’elles sont composées de coquilles et d’autres productions marines ; il falloit encore rendre raison de cette régularité de figure des collines dont les angles sont correspondants, et en trouver la vraie cause que personne jusqu’à présent n’avoit même