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THÉORIE DE LA TERRE.

soupçonnée, et qui cependant, étant réunie avec les autres, forme un corps de preuves aussi complet qu’on puisse en avoir en physique, et fournit une théorie appuyée sur des faits indépendants de toute hypothèse, sur un sujet qu’on n’avoit jamais tenté par cette voie, et sur lequel il paroissoit avoué qu’il étoit permis et même nécessaire de s’aider d’une infinité de suppositions et d’hypothèses gratuites, pour pouvoir dire quelque chose de conséquent et de systématique.

Les principaux courants de l’Océan sont ceux qu’on a observés dans la mer Atlantique près de la Guinée ; ils s’étendent depuis le cap Vert jusqu’à la baie de Fernandopo : leur mouvement est d’occident en orient, et il est contraire au mouvement général de la mer, qui se fait d’orient en occident. Ces courants sont fort violents, en sorte que les vaisseaux peuvent venir en deux jours de Moura à Rio de Bénin, c’est-à-dire faire une route de plus de cent cinquante lieues ; et il leur faut six ou sept semaines pour y retourner ; ils ne peuvent même sortir de ces parages qu’en profitant des vents orageux qui s’élèvent tout à coup dans ces climats : mais il y a des saisons entières pendant lesquelles ils sont obligés de rester, la mer étant continuellement calme, à l’exception du mouvement des courants, qui est toujours dirigé vers les côtes dans cet endroit ; ces courants ne s’étendent guère qu’à vingt lieues de distance des côtes. Auprès de Sumatra il y a des courants rapides qui coulent du midi vers le nord, et qui probablement ont formé le golfe qui est entre Malaye et l’Inde. On trouve des courants semblables entre l’île de Java et la terre de Magellan. Il y a aussi de très grands courants entre le cap de Bonne-Espérance et