Page:Buffon - Oeuvres completes, 1829, T02.djvu/240

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
234
THÉORIE DE LA TERRE.

dre continuel et violent ; la position oblique d’une côte, le voisinage d’un golfe ou de quelque grand fleuve, un promontoire, en un mot, tout obstacle particulier qui s’oppose au mouvement général, produira toujours un courant : or, comme rien n’est plus irrégulier que le fond et les bords de la mer, on doit donc cesser d’être surpris du grand nombre de courants qu’on y trouve presque partout.

Au reste, tous ces courants ont une largeur déterminée et qui ne varie point : cette largeur du courant dépend de celle de l’intervalle qui est entre les deux éminences qui lui servent de lit. Les courants coulent dans la mer comme les fleuves coulent sur la terre, et ils y produisent des effets semblables ; ils forment leur lit ; ils donnent aux éminences entre lesquelles ils coulent, une figure régulière, et dont les angles sont correspondants : ce sont, en un mot, ces courants qui ont creusé nos vallées, figuré nos montagnes, et donné à la surface de notre terre, lorsqu’elle étoit sous l’eau de la mer, la forme qu’elle conserve encore aujourd’hui.

Si quelqu’un doutoit de cette correspondance des angles de montagnes, j’oserois en appeler aux yeux de tous les hommes, surtout lorsqu’ils auront lu ce qui vient d’être dit : je demande seulement qu’on examine, en voyageant, la position des collines opposées, et les avances qu’elles font dans les vallons ; on se convaincra par ses yeux que le vallon étoit le lit, et les collines les bords des courants ; car les côtés opposés des collines se correspondent exactement, comme les deux bords d’un fleuve. Dès que les collines à droite du vallon font une avance, les collines à gauche du vallon font une