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ART. XIII. INÉGALITÉS DU FOND DE LA MER.

rants seront violents ; dans les lieux plats où le fond de la mer se trouvera de niveau, ils seront presque insensibles : la rapidité du courant augmentera à proportion des obstacles que les eaux trouveront, ou plutôt du rétrécissement des espaces par lesquels elles tendent à passer. Entre deux chaînes de montagnes qui seront dans la mer, il se formera nécessairement un courant qui sera d’autant plus violent que ces deux montagnes seront plus voisines ; il en sera de même entre deux bancs de sable ou entre deux îles voisines : aussi remarque-t-on dans l’Océan Indien, qui est entrecoupé d’une infinité d’îles et de bancs, qu’il y a partout des courants très rapides qui rendent la navigation de cette mer fort périlleuse ; ces courants ont en général des directions semblables à celles des vents, ou du flux et du reflux qui les produisent.

Non seulement toutes les inégalités du fond de la mer doivent former des courants, mais les côtes mêmes doivent faire un effet en partie semblable. Toutes les côtes font refouler les eaux à des distances plus ou moins considérables : ce refoulement des eaux est une espèce de courant que les circonstances peuvent ren-

    le mouvement des eaux depuis ce temps a émoussé les pointes escarpées des rochers, et détruit les obstacles qui resserroient les flots. Le détroit s’est élargi considérablement dans cet endroit. Les vaisseaux sont néanmoins obligés de ranger la côte de Calabre de très près, afin d’éviter l’attraction violente occasionée par le tournoiement des eaux ; et lorsqu’ils sont arrivés à la partie la plus étroite et la plus rapide du détroit, entre le cap Pelore et Scylla, ils sont en grand danger d’être jetés directement contre ce rocher. De là vient le proverbe,

    Incidit in Scyllam cupiens vitare Charybdin.
    On a placé un autre fanal pour avertir les marins qu’ils approchent de Charybde, comme le fanal du cap Pelore les avertit qu’ils approchent de Scylla. » (Add. Buff.)