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THÉORIE DE LA TERRE.

duit successivement une raréfaction considérable dans les différentes parties de l’atmosphère, ce qui fait le vent d’est, qui souffle constamment entre les tropiques, où la raréfaction est la plus grande.

La force d’attraction du soleil, et même celle de la lune, sur l’atmosphère, sont des causes dont l’effet est insensible en comparaison de celles dont nous venons de parler. Il est vrai que cette force produit dans l’air un mouvement semblable à celui du flux et du reflux dans la mer ; mais ce mouvement n’est rien en comparaison des agitations de l’air qui sont produites par la raréfaction ; car il ne faut pas croire que l’air, parce qu’il a du ressort et qu’il est huit cents fois plus léger que l’eau, doive recevoir par l’action de la lune un mouvement de flux fort considérable. Pour peu qu’on y réfléchisse, on verra que ce mouvement n’est guère plus considérable que celui du flux et du reflux des eaux de la mer ; car la distance à la lune étant supposée la même, une mer d’eau ou d’air, ou de telle autre matière fluide qu’on voudroit imaginer, aura à peu près le même mouvement, parce que la force qui produit ce mouvement pénètre la matière, et est proportionnelle à sa quantité. Ainsi une mer d’eau, d’air ou de vif-argent, s’élèveroit à peu près à la même hauteur par l’action du soleil et de la lune ; et dès lors on voit que le mouvement que l’attraction des astres peut causer dans l’atmosphère, n’est pas assez considérable pour produire une grande agitation[1] ; et quoiqu’elle doive causer un léger mouvement de l’air d’orient en

  1. L’effet de cette cause a été déterminé géométriquement dans différentes hypothèses, et calculé par M. d’Alembert. Voyez Réflexions sur la cause générale des vents.