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ART. XIV. VENTS RÉGLÉS.

plus de masse, plus de densité ; et la même vitesse subsistant, l’effort ou le coup du vent, le momentum, en devient beaucoup plus fort. C’est ce qui fait qu’auprès d’une église ou d’une tour les vents semblent être beaucoup plus violents qu’ils ne le sont à une certaine distance de ces édifices. J’ai souvent remarqué que le vent réfléchi par un bâtiment isolé ne laissoit pas d’être bien plus violent que le vent direct qui produisoit ce vent réfléchi ; et lorsque j’en ai cherché la raison, je n’en ai pas trouvé d’autre que celle que je viens de rapporter : l’air chassé se comprime contre le bâtiment et se réfléchit non seulement avec la vitesse qu’il avoit auparavant, mais encore avec plus de masse ; ce qui rend en effet son action beaucoup plus violente[1].

  1. Je dois rapporter ici une observation qui me paroît avoir échappé à l’attention des physiciens, quoique tout le monde soit en état de la vérifier ; c’est que le vent réfléchi est plus violent que le vent direct, et d’autant plus qu’on est plus près de l’obstacle qui le renvoie. J’en ai fait nombre de fois l’expérience, en approchant d’une tour qui a près de cent pieds de hauteur, et qui se trouve située au nord, à l’extrémité de mon jardin, à Montbard : lorsqu’il souffle un grand vent du midi, on se sent fortement poussé jusqu’à trente pas de la tour : après quoi il y a un intervalle de cinq ou six pas où l’on cesse d’être poussé, et où le vent, qui est réfléchi par la tour, fait, pour ainsi dire, équilibre avec le vent direct : après cela, plus on approche de la tour, et plus le vent qui en est réfléchi est violent ; il vous repousse en arrière avec beaucoup plus de force que le vent direct ne vous poussoit en avant. La cause de cet effet, qui est général, et dont on peut faire l’épreuve contre tous les grands bâtiments, contre les collines coupées à plomb, etc., n’est pas difficile à trouver. L’air dans le vent direct n’agit que par sa vitesse et sa masse ordinaire ; dans le vent réfléchi, la vitesse est un peu diminuée, mais la masse est considérablement augmentée par la compression que l’air souffre contre l’obstacle qui le réfléchit ; et comme la quantité de tout mouvement est com-