Page:Buffon - Oeuvres completes, 1829, T02.djvu/254

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
248
THÉORIE DE LA TERRE.

À ne considérer que la densité de l’air, qui est plus grande à la surface de la terre que dans tout autre point de l’atmosphère, on seroit porté à croire que la plus grande action du vent devroit être aussi à la surface de la terre, et je crois que cela est en effet ainsi toutes les fois que le ciel est serein : mais lorsqu’il est chargé de nuages, la plus violente action du vent est à la hauteur de ces nuages, qui sont plus denses que l’air, puisqu’ils tombent en forme de pluie ou de grêle. On doit donc dire que la force du vent doit s’estimer non seulement par sa vitesse, mais aussi par la densité de l’air, de quelque cause que puisse provenir cette densité, et qu’il doit arriver souvent qu’un vent qui n’aura pas plus de vitesse qu’un autre vent, ne laissera pas de renverser des arbres et des édifices, uniquement parce que l’air poussé par ce vent sera plus dense. Ceci fait voir l’imperfection des machines qu’on a imaginées pour mesurer la vitesse du vent.

Les vents particuliers, soit qu’ils soient directs ou réfléchis, sont plus violents que les vents généraux. L’action interrompue des vents de terre dépend de cette compression de l’air, qui rend chaque bouffée beaucoup plus violente qu’elle ne le seroit si le vent souffloit uniformément ; quelque fort que soit un vent continu, il ne causera jamais les désastres que produit la fureur de ces vents qui soufflent, pour ainsi

    posée de la vitesse multipliée par la masse, cette quantité est bien plus grande après la compression qu’auparavant. C’est une masse d’air ordinaire qui vous pousse dans le premier cas, et c’est une masse d’air une, ou deux fois plus dense qui vous repousse dans le second cas. (Add. Buff.)