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ART. XIV. VENTS RÉGLÉS.

exemple, si le baromètre, étant à vingt-sept pouces dans la plaine, tombe à dix-huit pouces au haut de la montagne, ce qui fait un tiers de différence dans le poids de la colonne d’air, on a dit que la compression de cet élément étant toujours proportionnelle au poids incombant, l’air du haut de la montagne est en conséquence d’un tiers moins dense que celui de la plaine, puisqu’il est comprimé par un poids moindre d’un tiers. Mais de fortes raisons me font douter de la vérité de cette conséquence, qu’on a regardée comme légitime et même naturelle.

Faisons pour un moment abstraction de cette compressibilité de l’air que plusieurs causes peuvent augmenter, diminuer, détruire, ou compenser ; supposons que l’atmosphère soit également dense partout : si son épaisseur n’étoit que de trois lieues, il est sûr qu’en s’élevant à une lieue, c’est-à-dire de la plaine au haut de la montagne, le baromètre étant chargé d’un tiers de moins, descendroit de vingt-sept pouces à dix-huit. Or, l’air, quoique compressible, me paroît être également dense à toutes les hauteurs, et voici les faits et les réflexions sur lesquels je fonde cette opinion.

1o Les vents sont aussi puissants, aussi violents au dessus des plus hautes montagnes que dans les plaines les plus basses ; tous les observateurs sont d’accord sur ce fait. Or, si l’air y étoit d’un tiers moins dense, leur action seroit d’un tiers plus foible, et tous les vents ne seroient que des zéphirs à une lieue de hauteur, ce qui est absolument contraire à l’expérience.

2o Les aigles et plusieurs autres oiseaux, non seu-