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THÉORIE DE LA TERRE.

Quand le bout de la manche, qui pour lors est fort pointu, est descendu environ au quart de la distance du nuage à la mer, on commence à voir sur l’eau, qui d’ordinaire est calme et d’un blanc transparent, une petite noirceur circulaire, effet du frémissement (ou tournoiement) de l’eau : à mesure que la pointe de cette manche descend, l’eau bouillonne, et d’autant plus que cette pointe approche de plus près la surface de la mer, et l’eau de la mer s’élève successivement en tourbillon, à plus ou moins de hauteur, et d’environ vingt pieds dans les plus grosses trombes. Le bout de la manche est toujours au dessus du tourbillon, dont la grosseur est proportionnée à celle de la trombe qui le fait mouvoir. Il ne paroît pas que le bout de la manche atteigne jusqu’à la surface de la mer, autrement qu’en se joignant au tourbillon qui s’élève.

On voit quelquefois sortir du même nuage de gros et de petits cônes de trombes ; il y en a qui ne paroissent que comme des filets, d’autres un peu plus forts. Du même nuage on voit sortir assez souvent dix ou douze petites trombes toutes complètes, dont la plupart se dissipent très près de leur sortie, et remontent visiblement à leur nuage : dans ce dernier cas, la manche s’élargit tout à coup jusqu’à l’extrémité inférieure, et ne paroît plus qu’un cylindre suspendu au nuage, déchiré par en bas, et de peu de longueur.

Les trombes à large base, c’est-à-dire les grosses trombes, s’élargissent insensiblement dans toute leur longueur et par le bas qui paroît s’éloigner de la mer et se rapprocher de la nue. Le tourbillon qu’elles excitent sur l’eau diminue peu à peu, et bientôt la man-