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ART. XVI. VOLCANS ET TREMBLEMENTS DE TERRE.

Ces effets, quoique naturels, ont été regardés comme des prodiges ; et quoiqu’on voie en petit des effets du feu assez semblables à ceux des volcans, le grand, de quelque nature qu’il soit, a si fort le droit de nous étonner, que je ne suis pas surpris que quelques auteurs aient pris ces montagnes pour les soupiraux d’un feu central, et le peuple pour les bouches de l’enfer. L’étonnement produit la crainte, et la crainte fait naître la superstition : les habitants de l’île d’Islande croient que les mugissements de leur volcan sont les cris des damnés, et que leurs éruptions sont les effets de la fureur et du désespoir de ces malheureux.

Tout cela n’est cependant que du bruit, du feu, et de la fumée : il se trouve dans une montagne des veines de soufre, de bitume, et d’autres matières inflammables ; il s’y trouve en même temps des minéraux, des pyrites, qui peuvent fermenter, et qui fermentent en effet toutes les fois qu’elles sont exposées à l’air ou à l’humidité ; il s’en trouve ensemble une très grande quantité ; le feu s’y met et cause une explosion proportionnée à la quantité des matières enflammées, et dont les effets sont aussi plus ou moins grands dans la même proportion : voilà ce que c’est qu’un volcan pour un physicien, et il lui est facile d’imiter l’action de ces feux souterrains, en mêlant ensemble une certaine quantité de soufre et de limaille de fer qu’on enterre à une certaine profondeur, et de faire ainsi un petit volcan dont les effets sont les mêmes, proportion gardée, que ceux des grands ; car il s’enflamme par la seule fermentation, il jette la terre et les pierres dont il est couvert, et il fait de la fumée, de la flamme et des explosions.