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THÉORIE DE LA TERRE.

ARTICLE XVI.

Des volcans et des tremblements de terre.


Les montagnes ardentes qu’on appelle volcans renferment dans leur sein le soufre, le bitume, et les matières qui servent d’aliment à un feu souterrain, dont l’effet, plus violent que celui de la poudre ou du tonnerre, a de tout temps étonné, effrayé les hommes, et désolé la terre. Un volcan est un canon d’un volume immense, dont l’ouverture a souvent plus d’une demi-lieue : cette large bouche à feu vomit des torrents de fumée et de flammes, des fleuves de bitume, de soufre, et de métal fondu, des nuées de cendres et de pierres, et quelquefois elle lance à plusieurs lieues de distance des masses de rochers énormes, et que toutes les forces humaines réunies ne pourroient pas mettre en mouvement. L’embrasement est si terrible, et la quantité des matières ardentes, fondues, calcinées, vitrifiées, que la montagne rejette, est si abondante, qu’elles enterrent les villes, les forêts, couvrent les campagnes de cent et de deux cents pieds d’épaisseur, et forment quelquefois des collines et des montagnes qui ne sont que des monceaux de ces matières entassées. L’action de ce feu est si grande, la force de l’explosion est si violente, qu’elle produit par sa réaction des secousses assez fortes pour ébranler et faire trembler la terre, agiter la mer, renverser les montagnes, détruire les villes et les édifices les plus solides, à des distances même très considérables.