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ART. XVI. VOLCANS ET TREMBLEMENTS DE TERRE.

doivent les supporter, n’est que d’une lieue ; ce qu’on m’accordera facilement : alors je dis que la force de l’explosion ou du tremblement de terre aura élevé à une lieue de hauteur une quantité de terre égale à soixante-huit mille lieues cubiques ; or, l’action étant égale à la réaction, cette explosion aura communiqué au reste du globe la même quantité de mouvement : mais le globe entier est de 12,310,523,801 lieues cubiques, dont ôtant 68,000, il reste 12,310,455,801 lieues cubiques, dont la quantité de mouvement aura été égale à celle de 68,000 lieues cubiques élevées à une lieue ; d’où l’on voit que la force qui aura été assez grande pour déplacer 68,000 lieues cubiques et les pousser à une lieue, n’aura pas déplacé d’un pouce le reste du globe.

Il n’y auroit donc pas d’impossibilité absolue à supposer que les montagnes ont été élevées par des tremblements de terre, si leur composition intérieure, aussi bien que leur forme extérieure, n’étoient pas évidemment l’ouvrage des eaux de la mer. L’intérieur est composé de couches régulières et parallèles remplies de coquilles ; l’extérieur a une figure dont les angles sont partout correspondants : est-il croyable que cette composition uniforme et cette forme régulière aient été produites par des secousses irrégulières et des explosions subites ?

Mais comme cette opinion a prévalu chez quelques physiciens, et qu’il nous paroît que la nature et les effets des tremblements de terre ne sont pas bien entendus, nous croyons qu’il est nécessaire de donner sur cela quelques idées qui pourront servir à éclaircir cette matière.