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THÉORIE DE LA TERRE.

gueur, l’ébranlement se fera de même ; et le tremblement se fera sentir dans une longue zone de terrain ; cet air ne produira aucune éruption, aucun volcan, parce qu’il aura trouvé assez d’espace pour s’étendre, ou bien parce qu’il aura trouvé des issues, et qu’il sera sorti en forme de vent et de vapeur ; et quand même on ne voudroit pas convenir qu’il existe en effet des routes souterraines par lesquelles cet air et ces vapeurs souterraines peuvent passer, on conçoit bien que, dans le lieu même où se fait la première explosion, le terrain étant soulevé à une hauteur considérable, il est nécessaire que celui qui avoisine ce lieu se divise et se fende horizontalement pour suivre le mouvement du premier, ce qui suffit pour faire des routes qui de proche en proche peuvent communiquer le mouvement à une très grande distance. Cette explication s’accorde avec tous les phénomènes. Ce n’est pas dans le même instant ni à la même même heure qu’un tremblement de terre se fait sentir en deux endroits distants, par exemple, de cent ou deux cents lieues ; il n’y a point de feu ni d’éruption au dehors par ces tremblements qui s’étendent au loin, et le bruit qui les accompagne presque toujours marque le mouvement progressif de ce vent souterrain. On peut encore confirmer ce que nous venons de dire, en le liant avec d’autres faits : on sait que les mines exhalent des vapeurs ; indépendamment des vents produits par le courant des eaux, on y remarque souvent des courants d’un air malsain et de vapeurs suffocantes : on sait aussi qu’il y a sur la terre des trous, des abîmes, des lacs profonds qui produisent des vents, comme le lac de Boleslaw en Bohême, dont nous avons parlé.